Burkina : "exécution sommaire" d’au moins 60 personnes par l'armée (ONG)

INB1

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Le Mouvement burkinabè des droits de l’homme et du peuple (MBDHP) a affirmé jeudi à Ouagadougou qu’au moins 60 civils ont été exécutés sommairement en février par l’armée au cours d’opérations antiterroristes.

Interrogé par l’AFP, le gouvernement a déclaré “prendre acte” de ces allégations et assuré que des enquêtes avaient été lancées par la justice militaire, s’en tenant pour l’instant à la “version des faits” communiquée en février par l’Etat-Major militaire.

Début février, en riposte à une attaque jihadiste qui avait tué 14 civils, l’armée avait annoncé avoir mené des raids terrestres et aériens dans les départements de Kain, de Banh et de Bomboro, situés dans trois provinces du nord, au cours desquels elle disait avoir tué 146 jihadistes.

“Nous nous sommes rendus dans les localités indiquées (par l’armée) pour enquêter, investiguer” et “nous avons pu constater sur le terrain qu’il y a eu des cas d’exécution sommaire d’au moins 60 personnes sur les 146”, a déclaré le président du MBDHP, Chrysogone Zougmoré, dans une conférence de presse.

Le MBDHP a précisé à l’AFP que la majorité des personnes abattues par l’armée étaient des éleveurs peul, selon leurs proches et des habitants interrogés par l’ONG. 

 “Dans le communiqué (de l’armée), il est dit que l’armée est intervenue à la suite de l’assassinat de 14 personnes. Nous avons approché les populations de ces localités qui nous ont dit que (…) personne dans leurs localités n’avait été tué par qui que ce soit” aux dates indiquées par l’armée pour justifier la riposte, a-t-il indiqué.

 “On dit qu’il y a eu des combats qui ont conduit à la neutralisation des 146 personnes. Nous avons cherché ces zones de combat, nous ne les avons pas trouvées. Par contre nous avons ramassé une quantité énorme de douilles de balle à proximité des concessions des personnes qui ont été tuées”, a expliqué M. Zougmoré. 

Le gouvernement promet des enquêtes

 “Ces personnes ont effectivement été exécutées”, a-t-il conclu, estimant que “les exécutions sommaires et extrajudiciaires sont extrêmement graves, car ça ouvre la voie à toutes les dérives possibles, à savoir des règlements de compte, des assassinats planifiés et exécutés”.

“Tout en émettant des réserves sur les méthodes d’investigations des acteurs des mouvements de défense des droits humains”, le gouvernement “prend acte des allégations et assure que des investigations sont en cours sur les faits présentés”, a dit à l’AFP le ministre de la Communication et porte-parole du gouvernement Remis Fulgance Dandjinou.

“En attendant les résultats des investigations de la justice militaire, la version des faits est celle communiquée par l’état-major général des armées”.

Contacté par l’AFP, Human Rights Watch (HRW) s’est dit “extrêmement préoccupé par les violations présumées commises par les forces de sécurité sous couvert d’opérations antiterroristes, y compris celles commises en février”.

HRW avait déjà accusé l’an dernier les forces de sécurité burkinabè d’“exécutions extrajudiciaires”, de “mauvais traitements“ et d’“arrestations arbitraires” au cours d’opérations antiterroristes entre 2017 et 2018.

Le Burkina Faso est confronté depuis quatre ans à des attaques de plus en plus fréquentes et meurtrières, qui ont fait plus de 300 morts depuis 2015. Elles sont menées par une douzaine de groupes jihadistes, dont Ansarul Islam, le Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (GSIM) et l’Etat islamique au grand Sahara (EIGS), d’après International Crisis Group.

 Depuis le 1er janvier, l’état d’urgence a été décrété dans 14 provinces sur 45, accordant des pouvoirs supplémentaires aux forces de sécurité, dont celui de procéder à des perquisitions à domicile, de jour et de nuit.
 

 

 

( ENGLISH )

 

 

The Burkinabè Movement for Human and People's Rights (MBDHP) said Thursday in Ouagadougou that at least 60 civilians were summarily executed in February by the military during anti-terrorist operations.

Asked by AFP, the government said "take note" of these allegations and assured that investigations had been launched by the military justice, holding for the moment to the "version of the facts" communicated in February by the Military Staff.

In early February, in response to a jihadist attack that killed 14 civilians, the army announced that it had conducted ground and air raids in the departments of Kain, Banh and Bomboro, in three northern provinces. said to have killed 146 jihadists.

"We went to the localities indicated (by the army) to investigate, investigate" and "we could see in the field that there were cases of summary execution of at least 60 people out of 146 ", Said the president of the MBDHP, Chrysogone Zougmoré, in a press conference.

The MBDHP told AFP that the majority of those killed by the army were Fulani herders, according to their relatives and residents interviewed by the NGO.

 "In the statement (of the army), it is said that the army intervened as a result of the killing of 14 people. We have approached the people of these localities who told us that (...) no one in their localities had been killed by anyone "on the dates indicated by the army to justify the response, he said.

 "It is said that there was fighting that led to the neutralization of 146 people. We searched for these combat zones, we did not find them. On the other hand, we collected a huge amount of bullet casings near the concessions of the people who were killed, "said Zougmoré.

Government promises investigations

 "These people have indeed been executed," he concluded, saying that "summary and extrajudicial executions are extremely serious, because it opens the way to all the possible abuses, namely settling scores, planned assassinations and executed. "

"While expressing reservations about the methods of investigation of the actors of human rights movements", the government "takes note of the allegations and ensures that investigations are ongoing on the facts presented", told AFP the Minister of Communication and Government spokesman Remis Fulgance Dandjinou.

"While awaiting the results of the investigations of the military justice, the version of the facts is that communicated by the general staff of the armies".

Contacted by AFP, Human Rights Watch (HRW) said it was "extremely concerned about alleged violations by security forces under anti-terrorist operations, including those committed in February."

Last year, HRW accused Burkinabe security forces of "extrajudicial executions", "ill-treatment" and "arbitrary arrests" during anti-terrorist operations between 2017 and 2018.

Burkina Faso has been confronted for four years with increasingly frequent and deadly attacks, which have left more than 300 dead since 2015. They are led by a dozen jihadist groups, including Ansarul Islam, the Support Group to Islam and Muslims (GSIM) and the Islamic State of the Great Sahara (EIGS), according to the International Crisis Group.

 Since 1 January, a state of emergency has been declared in 14 out of 45 provinces, giving additional powers to security forces, including home searches, day and night.

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