APVD
5 Juin 2019
INB1
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L’Afrique a beau enregistrer l’une des meilleures croissances économiques dans le monde, elle doit encore faire face à la faim qui décime les enfants. Selon un nouveau rapport, près de la moitié des décès d’enfants sur le continent sont dus à la faim. Un problème fondamentalement politique, alarment les chercheurs.
Un enfant sur trois en Afrique souffre d’un retard de croissance et quelque 60 millions d’enfants sont privés de nourriture, c’est la sonnette d’alarme tirée par le Forum sur la politique de l’enfant africain, un groupe de réflexion basé à Addis-Abeba. Dans une étude rendue publique en début de semaine, les experts appellent à l’action face à une urgence qu’ils qualifient de « fondamentalement politique ».
Selon le rapport, neuf enfants africains sur dix ne répondent pas aux critères édictés par l’Organisation mondiale de la santé (OMS) en terme de régime minimum, et deux enfants sur cinq ne mangent pas régulièrement. Le Liberia, le Congo et le Tchad occupent la dernière place de ce funeste en ce qui concerne les enfants de 6 à 23 mois. Viennent ensuite le Zimbabwe, la Guinée-Bissau, la Gambie et la République démocratique du Congo.
Il est totalement inacceptable que des enfants aient encore faim en Afrique au 21ème siècle.
« La faim chez les enfants est fondamentalement un problème politique », a déclaré Assefa Bequele, directrice générale du groupe de réflexion. « C’est le produit de l’alliance impie de l’indifférence politique, de la gouvernance irresponsable et de la mauvaise gestion économique. Malgré la persistance et la nudité de la réalité, il s’agit d’une tragédie silencieuse, largement méconnue et tolérée, peut-être parce que c’est un problème de pauvre ».
Performance économique en danger
« Il est totalement inacceptable que des enfants aient encore faim en Afrique au 21ème siècle. Les statistiques sont vraiment alarmantes. La faim chez les enfants est provoquée par l’extrême pauvreté, une croissance économique inégale et inégale, l’inégalité des sexes et un système alimentaire en panne. Bien que l’Afrique produise plus de nourriture que jamais, elle n’a pas entraîné de meilleurs régimes », a-t-elle martelé.
Outre le développement cognitif, la faim impacte également négativement la performance économique des pays d’origine. Selon le rapport, la faim chez les enfants peut coûter près de 17 % de leur PIB aux pays africains. Alors que pour chaque dollar investi dans un enfant, il y a des retours pouvant aller jusqu‘à 85 dollars comme au Nigeria.
Jusque-là, de la moitié des pays africains sont actuellement sur la bonne voie pour atteindre les objectifs requis dans la stratégie régionale de nutrition pour l’Afrique (2015-2025). Mieux, l’Afrique du Sud et Maurice comptent parmi les Etats comptant le moins d’enfants souffrant de faim, tandis que la République centrafricaine et le Tchad se placent à l’extrême opposé.
Ces dernières années, la résurgence des conflits armés de même que la crise climatique ont exacerbé la faim en Afrique, notamment dans les zones rurales. Et si rien n’est fait, préviennent les auteurs du rapport, l’Afrique pourrait avoir un milliard d’enfants sous-alimentés, et affamés d’ici 2050.
( ENGLISH )
Africa has one of the best economic growth in the world, but it still has to deal with the hunger that decimates children. According to a new report, nearly half of all child deaths on the continent are due to hunger. A fundamentally political problem, alarm researchers.
One in three children in Africa suffers from stunted growth and some 60 million children are deprived of food, this is the alarm bell drawn by the Forum on African Child Policy, a think tank based in Addis Ababa. In a study released earlier this week, experts call for action in response to an emergency they call "fundamentally political."
According to the report, nine out of ten African children do not meet the criteria set by the World Health Organization (WHO) in terms of minimum diet, and two out of five children do not eat regularly. Liberia, Congo and Chad occupy the last place of this fatality for children from 6 to 23 months. Then come Zimbabwe, Guinea-Bissau, The Gambia and the Democratic Republic of Congo.
It is totally unacceptable that children are still hungry in Africa in the 21st century.
"Child hunger is fundamentally a political issue," said Assefa Bequele, chief executive of the think tank. "It is the product of the unholy alliance of political indifference, irresponsible governance and economic mismanagement. Despite the persistence and nudity of reality, it is a silent tragedy, largely ignored and tolerated, perhaps because it is a problem of the poor.
Endangered economic performance
"It is totally unacceptable that children are still hungry in Africa in the 21st century. The statistics are really alarming. Child hunger is caused by extreme poverty, unequal and unequal economic growth, gender inequality and a broken food system. Although Africa is producing more food than ever, it has not resulted in better diets, "she said.
In addition to cognitive development, hunger also negatively impacts the economic performance of countries of origin. According to the report, child hunger can cost African countries nearly 17 percent of their GDP. While for every dollar invested in a child, there are returns of up to $ 85 as in Nigeria.
So far, half of African countries are currently on track to meet the targets set in the Africa Regional Nutrition Strategy (2015-2025). Better still, South Africa and Mauritius are among the states with the fewest hungry children, while the Central African Republic and Chad are at the opposite extreme.
In recent years, the resurgence of armed conflict and the climate crisis have exacerbated hunger in Africa, particularly in rural areas. And if nothing is done, warn the report's authors, Africa could have one billion children malnourished and hungry by 2050.