Hydrocarbures au Sénégal : la police fait usage de gaz lacrymogène lors d'une manifestation

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Les forces de l’ordre sénégalaises ont fait usage vendredi de gaz lacrymogène à Dakar pour disperser des manifestants exigeant la “transparence” sur des contrats portant sur l’exploitation des réserves en gaz et en pétrole du pays, entachés de corruption selon la BBC, ont rapporté des journalistes de l’AFP.

En juin 2012, peu après sa première élection, le président Macky Sall avait confirmé la décision de son prédécesseur, Abdoulaye Wade, d’attribuer l’exploitation des deux champs pétroliers et gaziers à Petro-Tim, une société de l’homme d’affaires australo-roumain Frank Timis, au coeur du scandale qui secoue le Sénégal depuis la diffusion d’un reportage de la BBC le 3 juin.

Selon la chaîne britannique, cette société a versé deux ans plus tard une prime secrète de 250.000 dollars au frère de Macky Sall, Aliou Sall, actuel président de la Caisse de dépôt et consignation (CDC) et maire d’une commune de la banlieue de Dakar, ce que celui-ci a formellement démenti.

Les manifestants répondaient à un appel à un “rassemblement pacifique” sur la place de la Nation, dans le centre de Dakar, lancé par des partis d’opposition et des associations de la société civile, dont le mouvement Y’en a marre.

Alors que des barricades faites de blocs de pierre et de morceaux de bois étaient visibles aux abords de la place de la Nation, la police, déployée en grand nombre, a procédé à des tirs de gaz lacrymogène, ont rapporté les journalistes de l’AFP en milieu d’après-midi. Les manifestants refluaient en courant, par groupes de plusieurs dizaines, pour échapper aux gaz irritants, certains en lançant les slogans “Macky corruption” ou “Macky dictateur”, selon la même source.

Un correspondant de Radio France Internationale (RFI) a indiqué sur Twitter que l’un des responsables de Y’en a marre, le rappeur Simon Kouka, avait été interpellé alors qu’il l’interviewait. L’information a été confirmée à l’AFP par d’autres journalistes présents lors de cette interpellation.

Les organisateurs avaient maintenu leur appel à manifester, malgré un arrêté d’interdiction pris jeudi par le préfet de Dakar.

“Nous ne pouvons pas accepter cette propension à restreindre les libertés civiques et à priver les citoyens du droit constitutionnel à la réunion pacifique”, avait justifié leur porte-parole, Aliou Sané, lors d’une conférence de presse vendredi matin.

Le préfet a motivé sa décision par des “menaces réelles de trouble à l’ordre public”, des “incitations à la violence à travers des propos irrévérencieux à l’endroit des institutions publiques” et par les “risques d’infiltration par des individus malintentionnés”.

La BBC a aussi accusé le géant BP d’avoir racheté plus tard les parts de Timis contre notamment une redevance d’une dizaine de milliars de dollars en quarante ans. BP a qualifié ce montant de “complètement fantaisistes” et démenti qu’il privait de la sorte le Sénégal de l’essentiel de sa future rente pétrolière et gazière.

Le ministre sénégalais de la Justice a ordonné lundi une “enquête complète” sur des contrats pétroliers et gaziers, alors que Macky Sall, réélu en février pour cinq ans, avait dénoncé une tentative de “déstabilisation” du Sénégal.

 

 

 

( ENGLISH )

 

 

 

 

Senegalese security forces used tear gas in Dakar on Friday to disperse demonstrators demanding "transparency" over contracts for the exploitation of the country's oil and gas reserves, corrupted by the BBC, AFP journalists reported.

In June 2012, shortly after his first election, President Macky Sall confirmed the decision of his predecessor, Abdoulaye Wade, to award the exploitation of the two oil and gas fields to Petro-Tim, a man's society. Australian-Romanian businessman Frank Timis, at the heart of the scandal that shakes Senegal since the broadcast of a report of the BBC on June 3.

According to the British channel, the company paid two years later a secret bonus of $ 250,000 to Macky Sall's brother, Aliou Sall, current president of the Caisse de dépôt et consignment (CDC) and mayor of a suburban commune. Dakar, which he has formally denied.

The demonstrators were responding to a call for a "peaceful rally" on the Place de la Nation, in the center of Dakar, launched by opposition parties and civil society associations, whose movement is fed up.

While barricades made of stone blocks and pieces of wood were visible around the Place de la Nation, police, deployed in large numbers, fired tear gas, reported AFP journalists in the middle of the afternoon. Protesters were running back, in groups of several tens, to escape the irritating gases, some by launching the slogans "Macky corruption" or "Macky dictator", according to the same source.

A correspondent for Radio France Internationale (RFI) said on Twitter that one of the leaders of Y'en tired, rapper Simon Kouka, had been arrested while he interviewed. The information was confirmed to AFP by other journalists present during this arrest.

The organizers had maintained their call to protest, despite a ban order taken Thursday by the prefect of Dakar.

"We can not accept this propensity to restrict civil liberties and deprive citizens of the constitutional right to peaceful assembly," their spokesman, Aliou Sané, had justified at a press conference on Friday morning.

The prefect motivated his decision by "real threats to disturbing public order", "incitement to violence through irreverent remarks about public institutions" and by "risks of infiltration by individuals with bad intentions".

The BBC has also accused the giant BP of having later bought the shares of Timis against including a fee of ten billion dollars in forty years. BP called this amount "completely fanciful" and denied that it thus deprived Senegal of most of its future oil and gas revenue.

The Senegalese Minister of Justice on Monday ordered a "full investigation" into oil and gas contracts, while Macky Sall, re-elected in February for five years, denounced an attempt to "destabilize" Senegal.

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