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Éthiopie : les tensions ethniques nourrissent la misère

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Destruction et/ou pillage des champs ou du bétail, déplacement en masse de populations, ….Les habituelles violences interethniques en Éthiopie sont à la base de l’une des plus graves crises humanitaires jamais enregistrées en Afrique. Reportage.

Il y a plus d’un an que sa maison a été rasée, sa plantation de café détruite et son bétail volé par des membres de la communauté oromo dans le sud de l’Éthiopie, mais Teketel Memheru, un Gedeo, a toujours trop peur pour rentrer chez lui.

Cet homme de 22 ans qui a fui la région Oromo et s’est réfugié à Cherqo (sud), dans le district Gedeo, est l’un des centaines de milliers d’Éthiopiens forcés à fuir leurs foyers en raison d’affrontements ethniques au cœur d’une crise aux proportions de plus en plus inquiétantes.

"J'ai peur de rentrer cultiver mes terres, j'ai peur des attaques".
“J’ai vu un de mes voisins tué à coups de couteau, et un autre brûlé vif dans sa maison”, dit-il en tremblant au moment de raconter l’attaque de son village début 2018, menée selon lui par des Oromo, l’ethnie la plus importante du pays. “ J’ai peur de rentrer cultiver mes terres, j’ai peur des attaques”.

Les autorités assurent avoir sous contrôle ce qui est devenu en 2018 la pire crise de déplacés internes au monde et soutiennent que plus d’un million de déplacés ont regagné leurs foyers.

Mais les humanitaires sont formels : les personnes déplacées sont renvoyées chez elles contre leur gré, tandis que la situation humanitaire, déjà difficile, ne fait qu’empirer.

“La paix n’a pas été rétablie, et je n’ai rencontré aucune personne qui souhaite rentrer (chez elle) dans ces conditions. Les gens ont peur”, raconte à l’AFP un travailleur humanitaire sous couvert de l’anonymat par peur de représailles des autorités.

Il affirme qu’en mai, des soldats et responsables locaux sont entrés dans des camps de déplacés et ont ordonné à ces derniers de quitter les lieux. Selon le travailleur humanitaire, la plupart d’entre eux ne sont pas rentrés, mais ont trouvé refuge en dehors des camps, dans des conditions de “misère”.

Boîte de Pandore

Depuis son arrivée au pouvoir en avril 2018, après deux ans de manifestations antigouvernementales, le Premier ministre, Abiy Ahmed, un Oromo, a été salué pour les efforts réalisés pour desserrer la poigne du pouvoir.

Mais cet assouplissement a également permis une expression plus libre des tensions ethniques, qui ont souvent pour enjeu des terres ou des ressources, et se sont traduites par des violences meurtrières dans le deuxième pays le plus peuplé d’Afrique (plus de 100 millions d’habitants).

Une des zones les plus affectées par ces violences se situe le long de la frontière entre le district Gedeo, situé dans la région des Nations, Nationalités et Peuples du Sud, et le district de Guji Ouest, dans la région Oromo.

Cette zone du sud de l’Éthiopie aux collines verdoyantes produit un des meilleurs cafés au monde, mais elle est aussi une des plus densément peuplées du pays. Face à un déficit en terres agricoles alimenté par cette démographie, les rivalités entre communautés prennent une autre dimension.

Les tensions ont toujours existé, mais en 2018, les Oromo de Guji Ouest ont attaqué les Gedeo vivant dans ce district. La crise qui a suivi a provoqué le déplacement interne de plus d’un million de personnes, principalement des Gedeo, selon le gouvernement.

Des violences similaires avaient éclaté en 2017 entre Somali et Oromo dans la région Somali du sud-est de l’Ethiopie, faisant des centaines de morts et environ un million de déplacés. En mai, des dizaines de personnes ont été tuées dans des affrontements à la frontière entre les régions septentrionales Amhara et Benishangul Gumuz.

“Aucun de ces conflits n’est vraiment nouveau, mais plusieurs d’entre eux n’ont éclaté à plus grande échelle que par le passé”, analyse William Davison (International Crisis Group). 

Les facteurs sont multiples : affaiblissement de la coalition au pouvoir après plusieurs années de manifestations et de tensions internes, pauvreté, compétition pour le contrôle des ressources, fonctionnement bancal d’un système fédéral pensé sur des lignes ethniques…

Face à l‘émergence des revendications ethno-nationalistes, M. Abiy rechigne à recourir à la sévère répression qui était utilisée par ses prédécesseurs pour mater les violences communautaires.

Stade vidé

Le ministre éthiopien de la Paix, Muferiat Kamil, a affirmé que toutes les personnes déplacées rentreraient chez elles d’ici à fin juin. Dans le même temps, les autorités ont promis que personne n’y serait forcé.

Pourtant, un deuxième travailleur humanitaire assure que dans Yirgecheffe (sud), un stade dans lequel s‘étaient réfugiés des milliers de déplacés a été vidé par la police avant un voyage de presse fin mai.

Seules 145.516 personnes réfugiées dans la région Gedeo sont rentrées chez elles, estime l’ONG chrétienne World Vision, alors que l’ONG Refugees International soutient que les retours forcés “

 

 

 

( ENGLISH )

 

 

 

Destruction and / or looting of fields or livestock, mass displacement of populations, etc. The usual inter-ethnic violence in Ethiopia is at the root of one of the most serious humanitarian crises ever recorded in Africa. Reportage.

It has been more than a year since his house was razed, his coffee plantation destroyed and his livestock stolen by members of the Oromo community in southern Ethiopia, but Teketel Memheru, a Gedeo, is still too scared to go home.

The 22-year-old man who fled the Oromo region and fled to Cherqo (south) in the Gedeo district is one of hundreds of thousands of Ethiopians forced to flee their homes due to ethnic clashes. heart of a crisis of increasingly alarming proportions.

"I'm afraid to go back to cultivate my land, I'm afraid of attacks".
"I saw one of my neighbors stabbed to death, and another burned alive in his house," he says, shaking as he recounts the attack on his village in early 2018, led by Oromo, the most important ethnic group in the country. "I'm afraid to go back to cultivate my land, I'm afraid of attacks".

The authorities claim to have under control what has become in 2018 the worst IDP crisis in the world and claim that more than one million displaced people have returned to their homes.

But aid workers are formal: displaced people are sent home involuntarily, while the already difficult humanitarian situation is getting worse.

"Peace has not been restored, and I have not met anyone who wishes to return (home) in these conditions. People are afraid, "a humanitarian worker told AFP on condition of anonymity for fear of reprisals from the authorities.

He says that in May, local soldiers and officials entered IDP camps and ordered them to leave. According to the humanitarian worker, most of them did not return, but found refuge outside the camps, in conditions of "misery".

Pandora's box

Since taking office in April 2018, after two years of anti-government protests, Prime Minister Abiy Ahmed, an Oromo, has been hailed for his efforts to loosen the grip of power.

But this relaxation has also allowed a freer expression of ethnic tensions, which often involve land or resources, and has resulted in deadly violence in the second most populous country in Africa (more than 100 million people). inhabitants).

One of the areas most affected by this violence is along the border between Gedeo District, located in the region of Nations, Nationalities and Peoples of the South, and West Guji District, in the Oromo region.

This area of ​​southern Ethiopia with green hills produces one of the best coffees in the world, but it is also one of the most densely populated in the country. Faced with a deficit in farmland fueled by this demography, rivalries between communities take on another dimension.

Tensions have always existed, but in 2018, West Guji Oromo attacked the Gedeo living in this district. The ensuing crisis has caused the internal displacement of more than one million people, mainly Gedeo, according to the government.

Similar violence broke out in 2017 between Somali and Oromo in the Somali region of southeastern Ethiopia, resulting in hundreds of deaths and around one million displaced. In May, dozens of people were killed in clashes on the northern border between Amhara and Benishangul Gumuz.

"None of these conflicts is really new, but many of them have only broken out on a larger scale than in the past," said William Davison (International Crisis Group).

The factors are multiple: weakening of the ruling coalition after several years of demonstrations and internal tensions, poverty, competition for the control of resources, flawed operation of a federal system thought on ethnic lines ...

Faced with the emergence of ethno-nationalist claims, Mr. Abiy is reluctant to resort to the harsh repression used by his predecessors to quell the community violence.

Stadium emptied

Ethiopian Minister of Peace Muferiat Kamil said all displaced people would return home by the end of June. At the same time, the authorities promised that no one would be forced to do so.

However, a second aid worker says that in Yirgecheffe (south), a stadium in which thousands of displaced people had been taken was emptied by the police before a press trip at the end of May.

Only 145,516 refugees in the Gedeo region have returned home, says the Christian NGO World Vision, while the NGO Refugees International argues that forced returns "will only worsen the situation.

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