Bénin : « intervention brutale » de l'armée au domicile de l'ancien président

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L’armée béninoise et la police ont délogé par des tirs d’armes automatiques les centaines de manifestants qui entouraient la résidence de l’ancien président Boni Yayi pour lui témoigner leur soutien, selon une source au sein de la résidence et une vidéo visionnée par l’AFP.

“Ils ont fait une incursion brutale”, a témoigné un proche de l’ex-président Yayi, qui est actuellement dans sa résidence de Cotonou, la capitale économique. “Ils ont tiré des rafales de balles, trois personnes ont été tuées et tout le monde est parti”, a expliqué ce proche à l’AFP. 

Dans une vidéo vue par l’AFP, on voit clairement les militaires tirer à l’arme automatique sur les manifestants, dont certains sont à terre, sans que l’on puisse certifier qu’elles sont décédées.

Depuis mercredi après-midi, des groupes de jeunes partisans de Boni Yayi s‘étaient rassemblés autour de son domicile du quartier de Cadjehoun, affirmant que la police venait arrêter leur leader.

Policiers et militaires faisaient face à des jeunes manifestants qui ont dressé des barricades de pneus brûlés et se défendaient à coups de pierres et de cocktails Molotov. 

Une femme a succombé à ses blessures dans la matinée de jeudi et un homme, blessé par balles était toujours soigné à l’hôpital. “Les policiers et les militaires sont revenus, ont commencé à tirer, ils ont chassé les gens”, confie à l’AFP un résident du quartier, dont la maison donne sur l’avenue. “Nous avons entendu des rafales, beaucoup de rafales, là je suis dans ma chambre, je me cache, c’est chaud”.

Mardi, les anciens présidents Boni Yayi (2006-2016) et Nicéphore Soglo (1991-1996) avaient lancé un ultimatum au chef de l’Etat, Patrice Talon, pour annuler les résultats des élections législatives de dimanche, marquée par près de 80% d’abstention et par une absence de l’opposition, qui n’avait pas été autorisée à présenter de candidats. 

“Talon marchera sur nos corps” avant d’entériner le nouveau Parlement, avait averti Boni Yayi. 
La Cour constitutionnelle a annoncé qu’elle proclamerait les résultats définitifs des élections à 16H00 (17H00 GMT), malgré les violences, et le ministre des Affaires étrangères a déclaré en début d’après-midi qu’il “n’y avait pas de crise politique au Bénin”. 

Patrice Talon, élu en avril 2016, est accusé d’avoir engagé un tournant autoritaire au Bénin, pays modèle de la démocratie en Afrique de l’Ouest. 

Amnesty International et de nombreuses associations locales de la société civile béninoise ont dénoncé les coupures d’internet ainsi qu’un “niveau de répression alarmant” au Bénin.

 

 

 

( ENGLISH ) 

 

 

 

The Benin army and the police dislodged the hundreds of protesters surrounding the former president Boni Yayi's residence with automatic gunfire to show their support, according to a source in the residence and a video watched by AFP.

"They made a brutal incursion," said a close relative of former president Yayi, who is currently in his residence in Cotonou, the economic capital. "They fired bursts of bullets, three people were killed and everyone is gone," said this close to AFP.

In a video seen by AFP, it is clear that the military shoot automatic weapons on protesters, some of whom are on the ground, without being able to certify that they have died.

Since Wednesday afternoon, groups of young Boni Yayi supporters had gathered around his home in the Cadjehoun neighborhood, claiming that police were coming to arrest their leader.

Police and military faced young demonstrators who erected barricades of burnt tires and defended themselves with stones and Molotov cocktails.

A woman succumbed to her injuries in the morning of Thursday and a man, shot and wounded, was still being treated at the hospital. "The police and soldiers came back, started firing, they chased people," says AFP a neighborhood resident, whose house overlooks the avenue. "We heard gusts, lots of gusts, I'm in my room, I'm hiding, it's hot".

On Tuesday, former presidents Boni Yayi (2006-2016) and Nicéphore Soglo (1991-1996) issued an ultimatum to the head of state, Patrice Talon, to cancel the results of the parliamentary elections on Sunday, marked by nearly 80% abstention and absence of the opposition, which had not been allowed to submit candidates.

"Talon will walk on our bodies" before endorsing the new Parliament, warned Boni Yayi.
The Constitutional Court announced that it would proclaim the final election results at 4:00 pm (5:00 pm GMT), despite the violence, and the foreign minister said in the early afternoon that "there was no political crisis in Benin ".

Patrice Talon, elected in April 2016, is accused of having initiated an authoritarian turning point in Benin, model country of democracy in West Africa.

Amnesty International and many local associations in Benin's civil society have denounced Internet cuts and an "alarming level of repression" in Benin.

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