15 Décembre 2018
INB1
À dix jours d‘élections sous haute tension en République démocratique du Congo, un incendie s’est déclaré dans la nuit de mercredi à jeudi dans un entrepôt de la commission électorale à Kinshasa où l’opposition se pose déjà la question : “à qui profite le crime?”
Cet incendie, d’origine criminelle selon les autorités, s’est produit alors que la campagne pour les scrutins du 23 décembre était rattrapée par la violence.
Le feu a endommagé du matériel électoral dont des “machines à voter”, a déclaré le président de la Commission électorale nationale indépendante (Céni), Corneille Nangaa.
Ces machines sont devenues l’un des enjeux de la campagne et des élections. Une partie de l’opposition refuse l’utilisation le jour du vote de ces écrans tactiles qui doivent permettre aux électeurs de choisir leurs candidats et imprimer leur bulletin de vote.
À 04h20 (03H00 GMT), appel téléphonique d’une source dans l’entourage du président Joseph Kabila, qui doit quitter le pouvoir à l’issue de ces élections auxquelles il ne peut se présenter, un incendie ravage un grand entrepôt de la Céni en plein centre-ville de Kinshasa.
Sur place au lever du jour, une épaisse fumée noire était visible à l’intérieur d’une enceinte où la presse n’a pas le droit d’entrer.
La chaussée n’est pas encore coupée. Des pompiers, policiers, militaires et la garde républicaine entrent ou stationnent devant la parcelle. On voit même un camion des Nations unies.
La piste criminelle privilégiée
L’incendie “s’est déclaré vers 02h00 du matin (01H00 GMT)”, a ajouté le président de la Céni. “Il y a eu beaucoup d’explosions sourdes entre trois et quatre heures”, a précisé à l’AFP une habitante de cette zone huppée et sécurisée de la commune de la Gombe.
L’entrée de la parcelle donne sur l’avenue “Haut-commandement”, qui doit son nom à la présence toute proche de l’Etat-major de la première zone de défense et du plus grand camp militaire du pays, le camp Kokolo.
Dans un communiqué, la Céni a rassuré “les électeurs de la poursuite du processus électoral” et s’en remet aux “enquêtes en cours” pour déterminer l’origine de l’incendie “ainsi que l’ampleur des dégâts”.
“Les indices tendent à démontrer qu’il s’agit d’un incendie d’origine criminelle”, a déclaré à des journalistes dont l’AFP le ministre de l’Intérieur Henri Mova.
“Une enquête est ouverte par la police”, a ajouté le porte-parole du gouvernement Lambert Mende. “Le feu est parti simultanément de deux points”, a-t-il ajouté.
“A qui profite le crime ?”
L’incendie intervient alors que plusieurs personnes ont été tuées mardi et mercredi en marge des déplacements dans le Katanga du candidat d’opposition Martin Fayulu, qui rejette l’utilisation des machines à voter.
“A qui profite le crime?”, s’est interrogé sur Twitter l’un de ses soutiens au sein de la coalition Lamuka, Olivier Kamitatu.
“Tous les Congolais savent que les entrepôts #CENI sont gardés par la GR (Garde républicaine) de triste réputation et la police”, a poursuivi M. Kamitatu, ex-ministre du président Kabila jusqu’en 2015.
“Honte à ce régime #Kabila qui joue au Ponce Pilate, se lave les mains et verse des larmes de crocodile sur la perte du matériel d’une élection qu’il sait perdue d’avance !”, a-t-il ajouté.
“Comment un dépôt aussi important, comment du matériel aussi important, peuvent être laissés ainsi à l’abandon, sans surveillance et être même incendiés?”, s’est interrogé l’autre grand candidat de l’opposition Félix Tshisekedi, joint par l’AFP.
Il a mis en garde “le régime en place”. “Depuis un certain temps, nous avons remarqué une montée de tensions dans le pays, manifestement destinée à raviver les passions”, a-t-il ajouté.
M. Tshisekedi accepte les élections “avec ou sans” les machines à voter. Les élections présidentielle, législatives et provinciales du 23 décembre doivent désigner le successeur du président Kabila, à qui la Constitution interdit de briguer un troisième mandat.
Un peu plus de 40 millions d‘électeurs ont été enregistrés dans le plus grand pays d’Afrique centrale qui n’a jamais connu de transition pacifique du pouvoir.
( ENGLISH ) <<>>
Ten days of high-voltage elections in the Democratic Republic of the Congo, a fire broke out in the night from Wednesday to Thursday in a warehouse of the electoral commission in Kinshasa where the opposition is already asking the question: "to whom take advantage of the crime? "
This fire, of criminal origin according to the authorities, occurred while the campaign for the December 23 polls was overtaken by violence.
The fire damaged electoral materials including "voting machines", said the president of the Independent National Electoral Commission (CENI), Corneille Nangaa.
These machines have become one of the issues of the campaign and elections. A part of the opposition refuses the use on the voting day of these touch screens that should allow voters to choose their candidates and print their ballot.
At 4:20 am (0300 GMT), a phone call from a source in the entourage of President Joseph Kabila, who must leave power after the elections he can not attend, a fire ravages a large warehouse Ceni in the center of Kinshasa.
On the spot at dawn, thick black smoke was visible inside an enclosure where the press is not allowed to enter.
The road is not cut yet. Firefighters, policemen, soldiers and the Republican Guard enter or park in front of the plot. We even see a UN truck.
The privileged criminal track
The fire "was declared around 02:00 am (01:00 GMT)," added the president of the CENI. "There were a lot of deafening explosions between three and four o'clock," a resident of this upscale and secure area of Gombe commune told AFP.
The entrance to the plot overlooks Avenue "High Command", which is named after the close presence of the staff of the first defense zone and the largest military camp in the country, Camp Kokolo .
In a statement, the CENI reassured "the voters of the continuation of the electoral process" and relies on "investigations in progress" to determine the origin of the fire "and the extent of damage".
"The clues tend to show that this is a fire of criminal origin," told reporters including AFP Interior Minister Henri Mova.
"An investigation is opened by the police", added the spokesman of the Lambert Mende government. "The fire started from two points simultaneously," he added.
"Who benefits from the crime?"
The fire comes as several people were killed Tuesday and Wednesday on the sidelines of opposition candidate Martin Fayulu's move to Katanga, which rejects the use of voting machines.
"Who benefits from the crime?" Wondered on Twitter one of his supporters in the Lamuka coalition, Olivier Kamitatu.
"All Congolese know that the #CENI warehouses are guarded by the GR (Republican Guard) of sad reputation and the police," continued Kamitatu, former minister of President Kabila until 2015.
"Shame on this regime #Kabila playing Pontius Pilate, washing his hands and shedding tears of crocodile on the loss of the material of an election he knows lost in advance!", He added.
"How such a large deposit, how such important material, can be left so abandoned, unattended and even burnt?", Asked the other great opposition candidate Felix Tshisekedi, joined by the AFP.
He warned "the regime in place". "For some time, we have noticed a rise in tension in the country, clearly intended to revive passions," he added.
Mr. Tshisekedi accepts elections "with or without" voting machines. The presidential, legislative and provincial elections of December 23 must designate the successor of President Kabila, to whom the Constitution forbids to run for a third term.
Just over 40 million voters have been registered in the largest country in Central Africa that has never experienced a peaceful transition of power.