15 Novembre 2018
En promettant de soutenir Atiku Abubakar à la présidentielle de février prochain, les leaders igbos semblent réitérer leur hostilité à Muhammadu Buhari. Pour plusieurs raisons.
Porte-étendard de l’opposition lors de la présidentielle de février 2019, Atiku Abubakar a discuté ce mercredi 14 novembre avec les principaux leaders igbos au sud-est du Nigeria.
Selon des médias locaux, la réunion a eu lieu à Enugu, capitale de l‘État du même nom, au sud-est du Nigeria. Venus des cinq principaux États de la zone dont Abia, Cross River et Ebonyi, ces chefs traditionnels et religieux, femmes et adolescents, ils ont été des dizaines de milliers à participer à cette réunion « inclusive ».
Au terme des échanges qui ont duré toute la journée, les cinq États igbos ont promis de soutenir Atiku Abubakar lors de la présidentielle de février 2019. « Nous devons glisser dans l’urne le bulletin d’Atiku Abubakar et de son colistier Peter Obi », a déclaré le professeur Ben Nwabueze au nom de l’assistance.
Un choix qui semble conforme au contexte. Notamment l’affaire Nnamdi Kanu. Même si la question a été abordée de vive voix lors de la réunion, de nombreux Igbos sont loin d’oublier les démêlées judiciaires du leader sécessionniste. « Buhari nous a endeuillés en arrêtant Kanu », s’est exclamé un jeune.
Affaire Nnamdi Kanu
Luttant pour l’indépendance du Biafra, le responsable du mouvement des peuples autochtones du Biafra (IPOB) est poursuivi pour trahison. Libéré sous caution (250.000 euros), le leader indépendantiste a été vu pour la dernière fois en septembre 2017, quelques jours après une perquisition de son domicile par l’armée.
Réapparu en octobre dernier en Israel, Nnamdi Kanu a appelé à boycotter la présidentielle à venir. Un appel que les « siens » Igbos ne semblent pas avoir écouté. Il est plutôt temps pour eux de mettre fin à une « discrimination » de longue date. « Le peuple Igbo du Nigéria a tenu une réunion d’une journée inclusive convoquée par les anciens, les chefs traditionnels et religieux le mercredi 14 novembre 2018 pour examiner la place des Igbos dans la vie politique notamment à l’orée des prochaines élections de 2019 », a ajouté Ben Nwabueze.
Une place qui s’annonce intéressante si Atiku Abubakar est élu, car Peter Obi, son colistier est natif de l‘État d’Anambra, donc un Igbo. « Il est regrettable que les pionniers de l’indépendance du pays aient été totalement marginalisés dans leur pays. C’est pourquoi nous sommes ici. Nous devons soutenir le ticket qui assurera notre survie (Igbo). Ce billet est le billet conjoint d’Atiku Abubakar et de Peter Obi ».
L‘éternelle question du Biafra
Ancien allié de Buhari et ancien vice-président de la République, Atiku Abubakar sera le porte-étendard du Parti populaire démocratique (PDP), principale formation de l’opposition. Depuis son départ en juillet dernier du All progress congress (APC, parti au pouvoir), il dit souvent être victime de menaces de la part du gouvernement. À l’image qde la fouille dont il aurait fait l’objet, il y a 3 jours à l’aéroport d’Abuja à son retour de Dubai.
Tout porte ainsi à croire qu’Atiku Abubakar est venu rendre visite à des « co-victimes » de Buhari. Lui qui participa en tant que soldat aux côtés des troupes de Lagos (ancienne capitale) à la guerre du Biafra (1967-1970) qui coûta la vie à près d’un million de Nigérians.
La visite d’Atiku en pays igbos pourrait donc être vue comme un coup de grâce à Buhari dans une zone d’une importance électorale optimale. Avec 28 millions d’individus, les Igbos constituent la troisième ethnie la plus importante du Nigeria derrière les Yorubas (39 millions, soit 20 %) et les Haoussas (35 millions, soit 18 %). Un véritable réservoir électoral dont pourrait profiter Atiku Abubakar.
Et bien que le report de voix ne soit pas automatique, le contexte ne plaide pas en faveur de Muhammadu Buhari dans le sud-est du Nigeria. Un sud-est qu’il a conquis en 2015 grâce en partie à son colistier de l‘époque Atiku Abubakar, natif de l’Adamawa, trait d’union entre le nord-est musulman et le sud-est chrétien.
( ENGLISH ) <<>>
By promising to support Atiku Abubakar in the presidential elections next February, Igbo leaders seem to reiterate their hostility to Muhammadu Buhari. For several reasons.
The flagship of the opposition in the presidential election of February 2019, Atiku Abubakar discussed this Wednesday, November 14 with the leading igbos leaders in southeastern Nigeria.
According to local media reports, the meeting was held in Enugu, capital of the state of the same name in southeastern Nigeria. Coming from the five main states of the area including Abia, Cross River and Ebonyi, these traditional and religious leaders, women and adolescents, they were tens of thousands to participate in this "inclusive" meeting.
At the end of the day-long talks, the five Igbo states promised to support Atiku Abubakar in the February 2019 presidential election. "We need to slip Atiku Abubakar and his mate Peter Obi's ballot into the ballot box" said Professor Ben Nwabueze on behalf of the audience.
A choice that seems consistent with the context. Notably the Nnamdi Kanu case. Even if the issue was discussed in person at the meeting, many Igbos are far from forgetting the judicial clashes of the secessionist leader. "Buhari bereaved us by arresting Kanu," exclaimed a young man.
Nnamdi Kanu case
Struggling for the independence of Biafra, the leader of the Biafra Indigenous Peoples Movement (IPOB) is being prosecuted for treason. Released on bail (250,000 euros), the independence leader was last seen in September 2017, a few days after a search of his home by the army.
Appeared last October in Israel, Nnamdi Kanu called to boycott the upcoming presidential election. A call that "his" Igbos do not seem to have listened to. It is time for them to end long-standing "discrimination". "The Igbo people of Nigeria held an inclusive day-long meeting convened by elders, traditional and religious leaders on Wednesday, November 14, 2018 to examine Igbos' place in politics, particularly at the start of the next elections in 2019. Ben Nwabueze added.
A place which promises to be interesting if Atiku Abubakar is elected, because Peter Obi, his running mate is native of the state of Anambra, therefore an Igbo. "It is regrettable that the pioneers of the country's independence have been totally marginalized in their country. That's why we are here. We must support the ticket that will ensure our survival (Igbo). This ticket is the joint ticket of Atiku Abubakar and Peter Obi ".
The eternal question of Biafra
Former ally of Buhari and former vice president of the Republic, Atiku Abubakar will be the standard bearer of the Democratic People's Party (PDP), the main opposition party. Since his departure last July from the All Progress Congress (APC, ruling party), he often said to be a victim of threats from the government. Like the search he was subjected to, there are three days at the Abuja airport on his return from Dubai.
Everything suggests that Atiku Abubakar came to visit "co-victims" of Buhari. He participated as a soldier alongside the troops of Lagos (former capital) in the Biafra war (1967-1970) which killed nearly a million Nigerians.
Atiku's visit to Igbo countries could therefore be seen as a coup de grace in Buhari in an area of optimal electoral importance. With 28 million people, Igbos is the third largest ethnic group in Nigeria behind the Yorubas (39 million, or 20%) and the Hausa (35 million, or 18%). A real electoral tank that could benefit Atiku Abubakar.
And although the postponement of votes is not automatic, the context does not plead in favor of Muhammadu Buhari in southeastern Nigeria. A south-east he conquered in 2015 thanks in part to his running mate of the Atiku Abubakar era, a native of the Adamawa, a link between the north-east Muslim and the south-east Christian.