1 Novembre 2018
Plus que quelques mois avant la présidentielle du 19 février au Nigeria. Cette échéance, qui cristallisera sans doute les attentions, s’annonce dans un climat hostile notamment sur le plan sécuritaire. Si lors de sa précédente campagne, le président Muhammadu Buhari, candidat à un nouveau mandat – avait promis de rétablir la sécurité, de nouveaux défis sécuritaires se sont ajoutés à son cahier de charges.
Boko Haram n’est pas éteint. En dépit des efforts de l’armée, la secte islamiste maintient la pression sur Abuja à travers des attaques violentes qui arrachent des dizaines de vies dans la région du Nord-Est. Une attaque perpétrée début septembre qui a notamment fait au moins 30 morts dans les rangs de l’armée, vient témoigner de la virulence des filleuls ouest-africains de l’Etat islamique.
Dans cette guerre interminable déclenchée avec l’insurrection du groupe islamiste en 2009, des signes d’agacement se font sentir. Certains soldats ont du reste protesté en août contre leur redéploiement à Maiduguri, ville martyre dans la lutte contre Boko Haram.
Pourtant, le Nigeria n’est pas au bout de ses peines. En janvier, un autre conflit a surgi dans la ceinture centrale du pays, entre les communautés agricoles chrétiennes et les nomades peuls. Cette guerre communautaire, liée au foncier, a déjà fait des centaines de morts. Mi-octobre, une cinquantaine de personnes ont été tuées dans l’Etat de Kaduna à l’issue d’affrontements entre jeunes musulmans et chrétiens. Les mesures ad-hoc dont les couvre-feu ne semblent jusque-là pas apporter de solutions.
À moins de quatre mois de la présidentielle de février 2019, ces crises sécuritaires auxquelles se jumellent une crise économique et un chômage record, sont du pain béni pour les opposants de Muhammadu Buhari. Ils lui reprochent entre autres son laxisme face aux crises qui secouent le pays. Et la liste des griefs contre le président nigérian s’est rallongée ces derniers jours.
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Nouveau risque de radicalisation
Abuja, la capitale fédérale est le théâtre de violents affrontements entre l’armée et les partisans d’un groupe religieux chiite qui réclame la libération de son leader. En moins d’une semaine, les affrontements ont déjà fait six morts selon l’armée nigériane, une vingtaine selon le Mouvement islamique du Nigeria (IMN).
Son leader, Ibrahim Zakzaky, conteste l’autorité d’Abuja depuis des années et souhaite établir un Etat islamique chiite à l’iranienne dans un pays où les musulmans sunnites sont très largement majoritaires. Depuis son arrestation en décembre 2015, le sexagénaire qui a perdu un œil dans les violences de 2015, n’a été vu en public que deux fois. Fin 2016, un tribunal fédéral avait jugé la détention du leader chiite illégale et ordonné sa libération. Mais cette décision n’a jamais été exécutée par les autorités nigérianes.
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Aujourd’hui, dans un Nigeria fragmenté et qui fait déjà l’expérience de la radicalisation, la répression violente des partisans de ce groupe religieux fait craindre un scénario à la Boko Haram. “Il semble que nous n’apprenons pas de nos erreurs passées”, a déclaré à l’AFP Amaechi Nwokolo, analyste en sécurité à l’Institut romain d‘études internationales d’Abuja.
Les forces de sécurité n’ont “pas le droit d’utiliser cette force maximale” sur des manifestants non armés, a-t-il rappelé, avertissant que cela pourrait “inciter d’autres personnes à se radicaliser”.
“Si nous remontons aux débuts de Boko Haram, ce sont les assassinats de personnes innocentes qui ont galvanisé le recrutement. C’est ainsi que le terrorisme fonctionne”, a-t-il ajouté.
En février 2019, lors de la présidentielle, Muhammadu Buhari affrontera, sous les couleurs de son parti l’APC, Atiku Abubakar, vice-président de l’ancien président Olusegun Obasanjo, de 1999 à 2007. Une occasion pour l’ancien général de défendre son mandat alors que sa cote de popularité est en déclin.
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More than a few months before the February 19 presidential elections in Nigeria. This deadline, which will undoubtedly crystallize the attentions, is announced in a hostile climate, particularly in terms of security. While in his previous campaign, President Muhammadu Buhari, a candidate for a new mandate - had promised to restore security, new security challenges were added to his specifications.
Boko Haram is not extinct. Despite the army's efforts, the Islamist sect maintains pressure on Abuja through violent attacks that tear dozens of lives in the Northeast region. An attack in early September that killed at least 30 people in the ranks of the army, comes to testify the virulence of the West African godchildren of the Islamic State.
In this interminable war unleashed with the insurgency of the Islamist group in 2009, signs of annoyance are being felt. Some soldiers protested in August against their redeployment to Maiduguri, a city martyred in the fight against Boko Haram.
However, Nigeria is not at the end of its sentences. In January, another conflict arose in the central belt of the country, between the Christian farming communities and Fulani nomads. This communal war, linked to land, has already left hundreds dead. In mid-October, about 50 people were killed in the state of Kaduna after clashes between young Muslims and Christians. Ad-hoc measures that curfews do not seem to provide solutions.
Less than four months away from the presidential election in February 2019, these security crises, paired with an economic crisis and record unemployment, are a blessing for Muhammadu Buhari's opponents. They blame him, among other things, for being lax in the face of the crises that are shaking the country. And the list of grievances against the Nigerian president has lengthened in recent days.
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New risk of radicalization
Abuja, the federal capital is the scene of violent clashes between the army and supporters of a Shiite religious group that calls for the release of its leader. In less than a week, the clashes have already killed six people according to the Nigerian army, about twenty according to the Islamic Movement of Nigeria (IMN).
Its leader, Ibrahim Zakzaky, has been challenging Abuja's authority for years and wants to establish an Iranian Shia Islamic state in a country where Sunni Muslims are overwhelmingly in the majority. Since his arrest in December 2015, the sexagenarian who lost an eye in the violence of 2015, has been seen in public only twice. In late 2016, a federal court ruled the detention of the illegal Shia leader and ordered his release. But this decision has never been executed by the Nigerian authorities.
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Today, in a fragmented Nigeria that is already experiencing radicalization, the violent repression of supporters of this religious group raises fears of a Boko Haram scenario. "It seems that we do not learn from our past mistakes," Amaechi Nwokolo, a security analyst at the Roman Institute of International Studies in Abuja, told AFP.
Security forces are "not allowed to use this maximum force" on unarmed protesters, he said, warning that it could "incite others to radicalize".
"If we go back to the beginnings of Boko Haram, it is the assassinations of innocent people that galvanized recruitment. This is how terrorism works, "he added.
In February 2019, during the presidential election, Muhammadu Buhari will face, under the colors of his party the APC, Atiku Abubakar, vice president of the former president Olusegun Obasanjo, from 1999 to 2007. An opportunity for the former general of defend his mandate while his popularity rating is declining.